

























































La rentrée s’est bien passée, je répète, la rentrée s’est bien passée.
12 ans, 10 ans, ça fait déjà pas mal d’années qu’on vit les rentrées de nos enfants, ce moment où j’ai systématiquement envie de fumer, pleurer, voire tout casser. Ce moment où ils pleurent, ils s’accrochent, supplient, tremblent. Ce moment où le monde semble marcher sur la tête parceque je laisse mes enfants loin de moi pour aller moi même m’enfermer ailleurs pour gagner de l’argent pour élever ces mêmes enfants. Ce moment où je me demande si ceux qui ont des enfants heureux à l’école sont des extraterrestres venus d’une autre planète ou si je suis dans le Truman Show. Bref. Ce moment cruel où je lutte pour trouver des solutions, où je prends des rendez-vous avec les directrices et maitresses, où je motive les troupes en assurant que ça ira alors que je n’y crois pas toujours, ce moment là, s’est bien passé.
Malgré tous mes efforts, et dieu sait que nous en avons fait, les enfants n’ont pas pu rester dans le circuit classique, je dis classique pour pas dire public. Cette école publique où j’ai passé presque vingt ans pour ma part, y entrant à 3 ans, en sortant en 5ème année universitaire à 22 ans. L’école que je défends de tout mon coeur et que j’aime, et que les politiques de ces vingt dernières années ont sauvagement attaqué. L’école publique, qui je l’espère pourra se relever un jour, apparemment pas tout de suite, n’a pas pu accueillir et garder mes deux enfants. Je souhaite qu’un jour tous les enfants puissent accéder à une école où ils sont heureux d’aller, qui les fassent grandir et leur apprennent à s’aimer.







Dimanche matin je suis allée à la patinoire avec Margot. C’était la deuxième fois qu’on y allait. C’est une petite patinoire pas loin de chez nous et il n’y a pas grand monde. On y est resté une heure et demi, et pour la deuxième fois, ça m’a fait le même effet: ça m’a fait un bien fou. Comme si mes neurones se baignaient dans un bain d’endorphine. J’ai plané tout le reste de la journée.
Je ne suis pourtant pas spécialement à l’aise sur la glace. C’est très nouveau pour moi. J’étais allée une fois à la patinoire quand j’avais 18 ans. C’est un chouette souvenir, le mélange de la découverte, de l’ambiance joyeuse, de la sensation de glisse. Et puis c’est une de mes premières sorties avec des copines qui avaient le permis de conduire et une voiture, un mignon hockeyeur qui était venu me dragouiller, bref, une jolie madeleine qui était restée sans suite pendant presque 30 ans (oui, trente ans, ouch).
J’ai 47 ans aujourd’hui. Une fille de 10 ans, qui fait du roller et qui me tannait un peu pour qu’on découvre la patinoire voisine. Alors on a testé. Et j’ai adoré. Bon, je dois avouer, j’ai fait beaucoup de roller enfant et adolescente, j’en ai rechaussé quand Margot a eu les siens, donc j’ai de bonnes bases d’équilibre. Mais sur la glace, c’est différent et je découvre. Ca glisse plus, mais c’est carrément grisant. Cette sensation quand on patine de légèreté, il y a la fraicheur physique ressentie aussi, oui, il fait frais sur la glace, et puis il y a le plaisir-spectateur des autres patineur-ses. Et là, on a, chaque fois, été servies. Première séance, une fille habillée tout en noir, élancée, gracieuse, qui patine avec grâce, enchaine des figures et des sauts. Je nourris mon cerveau de son image tout en gardant mon attention sur ma fille qui progresse le long de la bordure. Un couple de débutants angoisse Margot à chaque fois qu’ils manquent de tomber, mais eux rient et s’amusent avec une candeur contagieuse.
La deuxième fois, c’est le festival, on patine sagement le long du bord, et au milieu de la patinoire plusieurs jeunes filles répètent leurs enchainements, sauts, toupies, passages au sol, c’est un spectacle génial. Même leurs chutes ne sont pas des stress, mais des moments où la réalité de ce sport refait juste surface. Oui c’est difficile alors que ça paraît si simple et fluide quand on les regarde. La fluidité nous contamine et quand on sort de notre séance on a l’impression nous aussi d’avoir été gracieuse et d’avoir beaucoup progressé.
Juste avant qu’on arrête, alors que je laisse Margot faire le tour toute seule car moi je suis fatiguée, un gars entre sur la patinoire, il me salue, il a un drôle de visage, mon cerveau le catalogue dans les “informaticiens nerd” à cause de ses lunettes, vilain cerveau qui catalogue, mais aussitôt il se lance sur la glace et alors c’est la claque. Ce type danse et patine comme jamais je n’avais vu, un plaisir, une aisance, des petits pas, des mouvements de partout, ce n’est plus les sauts de l’artistique, c’est de la danse sur glace, et j’en reste baba. Je profite du moment, souris comme c’est pas permis, et promets à Margot qu’on reviendra parceque “c’est trop bien”.
Voilà, maintenant je regarde des vidéos pour progresser, j’ai noté les horaires pour prendre des cours en septembre, et j’ai qu’une envie, à nouveau être sur la glace.
* ASMR : acronyme anglais pour Autonomous Sensory Meridian Response, Réponse Autonome des Méridiens Sensoriels, est une sensation particulière, agréable ou désagréable, de picotements ou frissons au niveau du crâne, du cuir chevelu ou des zones périphériques du corps, parfois jusqu’aux extrémités ; en réponse à un stimulus tactile, visuel, auditif, olfactif ou cognitif. Il peut être défini comme une combinaison de sensations positives, de relaxation et d’une sensation distincte de picotement évoquant ceux de l’électricité statique sur la peau. Cette sensation prend généralement naissance sur le cuir chevelu en réponse à un déclencheur, descendant le long de la colonne vertébrale, et peut se propager au dos, aux bras et aux jambes à mesure que l’intensité augmente. Wikipedia.